Convocation

Lou contempla pensivement le le brouillon du mot qu'elle avait envoyé à la fille d'Hadès :

Citation :

Mélina, j'ai eu vent de certaines rumeurs à propos de ta relation avec un étudiant. Pourrais-tu venir me voir pour clarifier tout ça ?
Lou,

Ce n'était pas une convocation officielle, et d'ailleurs, elle n'avait même pas signé en tant que directrice. Elle ne voulait pas d'une Mélina en furie dans son bureau. Néanmoins, malgré le tom amicale du mot, l'affaire était grave. Certes, celui qu'elle voyait était majeur ( et heureusement !), mais il n'en restait pas moins un étudiant, et ce n'était pas très déontologique.
La jeune femme jeta un coup d'œil sur le dossier du jeune homme en question. Lucas Johnson, une terreur celui-là, et un habitué de l'école. Les mortels le surnomment Dark, et il avait à son actif plus de punitions que n'importe qui.

Décidément, Mélina avait le don de choisir ses amants, pensa la directrice avec admiration. Mais si cela venait à se savoir... Un professeur qui sort avec un élève ! Les rares parents d'élèves allaient lui sauter dessus. Et ne parlons même pas des dieux. Rien qu'à cette pensée, Lou sentit un frisson glacé lui descendre l'échine. Elle n'avait aucune envie d'en « discuter » avec Arès.

-Normalement, tu devrais la renvoyer.

L'interruption de Tibère dans ses pensées la fit sursauter.

- On n'est même pas sûr que la rumeur soit vraie, remarqua Lou à haute voix.
- Tu te berce d'illusions ma pauvre.

Puis, sans attendre sa réponse, l'oiseau coupa court à toute communication et entreprit de se laver les plumes de fond en comble.

Sa maîtresse soupira, malgré son sale caractère, il avait raison. En toute logique, elle devrait renvoyer Mélina. Mais elle n'en avait aucune envie, et ne le ferait certainement pas. La jeune femme l'avait tiré plusieurs fois de situation délicate et, malgré leur différence de caractère, elle s'entendait plutôt bien.
Tiraillé par son devoir et son amitié, Lou sentit peu à peu le mal de crâne la gagner. L'affaire était d'autant plus inquiétante que la fille d'Hadès n'était pas seulement professeur, mais aussi sous-directrice !
Mélina aimait le danger et l'aventure, et Lou ne pouvait pas réellement lui en vouloir. Mais elle aurait tout de même pu réfléchir un peu au conséquences ! L'individualisme forcené de son amie l'exaspérait au plus haut point.
Et en plus, un imbécile avait toucher à sa machine à contrôler le temps !
Cela n'avait rien à voir, mais la directrice avait la nette impression que tous lui tombait dessus au même moment.

Pour se détendre, elle décida de passer à un truc pratique et pas compliqué : son livre de compte. Avec une évidente satisfaction, Lou se mit à noircir le cahier de chiffre en attendant Mélina.

C'était quoi cette rumeur? Sur quoi elle se fondait, au juste? Et surtout, comment quelqu'un avait-il pu entendre parler de ça pour que ça monte aux oreilles de la directrice, hein? Ils avaient été assez discrets pour ça... Aaaah, ça l'énervait, tiens ! Enfin, façon de parler. Quand Mélina était énervé, ça hurlait, ça s'en prenait plein la figure, et caetera. Là, elle était juste un peu plus froide que d'habitude, plus cynique, plus cinglante. Autrement dit, fallait pas l'embêter. Oui, elle aimait le danger. Mais quelque chose lui disait que Lucas ne serait plus son élève ou plus son amant dès lors qu'elle sortirait du bureau...
C'était donc de rapides pas, qui résonnaient dans le couloir. Jusqu'à ce que... BAM ! Un saut d'eau tombe d'une porte, sur un élève, ne se retourne pas, et l'assomme. L'élève en question, sonné, gît sur le sol, à trois mètres d'elle. Un étudiant est juste à côté, et doit affronter le regard d'une professeure visiblement mécontente. L'ombre glissa de ses pieds et courut jusqu'au bureau de Lou. Elle se matérialisa sur la porte dudit bureau, prenant la forme de la fille d'Hadès. Une toux, discrète, pour se faire remarquer, et cette voix froide, un peu déformée par le trajet, avec un accent slave, résonna.

"Ai rencontré un problème avec un élève sur le chemin. Je serais un peu en retard."

L'ombre, néanmoins, ne sortit pas, se contentant de couler sur le sol. Pendant ce temps, avec froideur et un tranchant typique d'elle, la sous-directrice s'occupait du cas de l'élève responsable, l'envoyant bosser aux champs - ça tombait bien, y'avait besoin de main d'oeuvre - s'occupant d'amener l'autre à l'infirmerie. Ah ces gosses, j'vous jure...
Reprenant son avancée dans le couloir, un peu perdue dans ses pensées, Mélina fit la moue. Pourquoi... Ah si. Elle pourrait passer par son ombre, maintenant qu'elle était vers Lou, mais... Ce n'était pas le top. Elle préférait y aller à pied et frapper à la porte, attendre l'autorisation, entrer, s'asseoir, et papoter.

Bref. La jeune femme arrive devant la porte, lève la main, frappe trois coups brefs. Dès qu'elle a l'autorisation d'entrer, elle ouvre la porte. L'ombre revient s'accrocher à ses pieds alors qu'elle s'assoit dans une chaise, face à la directrice.

"Добрый день, Лоу." (1)

Elle a cet air froid, qu'elle a toujours, calme, malgré l'engueulade qui vient de tomber sur un élève. Eternellement imperturbable.

"Donc... Venons en au fait, veux-tu? Non pas que j'ai à faire, mais je sens qu'on va débattre longtemps... Tu connais déjà la réponse à ta question, alors venons en au fait."

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(1) Bonjour, Lou