Promenade [PV Nausicaa]

Danea avait fini d'écrire le règlement de son bungalow, et comme il n'y avait personne d'autre ayant la même mère qu'elle venant d'arriver, elle n'avait pas d'autres tâches en tant que déléguée à faire. Les cours étaient finis pour la journée, et la jeune fille n'avait donc plus rien d'important à faire. Elle décida alors de partir explorer l'île, et de promener son chien au passage. Elle prit donc une veste, la laisse de son chien et sortit de sa chambre. Bara n'était pas à l'intérieur, donc elle sortit et le siffla :

- Bara ! C'est l'heure de ta promenade !

Elle agita la laisse et regarda autour d'elle afin de voir d'où viendrai sa chienne chérie. La chaleur du soleil commençait à décliner, et le vent soufflait de plus en plus. Le soir s'approchait de plus en plus, mais Danea avait encore une bonne heure avant d'aller manger. Elle appela une seconde fois Bara, et cette fois-ci, elle entendit un aboiement en guise de réponse puis un bruit de course effrénée. Très vite, le chien de chasse brun fut à ses pieds, à tenter de poser ses pieds sur elle et d'attraper la laisse.
L'adolescente se dépêcha de le saisir par le collier pour que l'animal se calme et d'y accrocher la laisse.

- Allons explorer Odysseus, ma chérie.

Elles avancèrent, sans vraiment savoir où aller précisément. Un peu plus loin, une forêt qui avait l'air plutôt grande se dessinait.

- Tu veux qu'on aille là-bas, Bara ?

La chienne japa d'une façon qui laissait penser que cela voulait dire "oui" et Danea se dirigea alors dans cette direction.
Au bout d'une dizaine de minutes, elle arriva enfin parmi les arbres. Le canidé ne tenait plus en place, voulait courir, découvrir... Alors au bout d'une vingtaine de mètres, l'adolescente enleva sa laisse et la rangea dans la poche de sa veste. Elle murmura à son oreille :

- Tu reviendras quand je t'appellerai, hein ?

Puis elle laissa l'animal partir en courant. Elle continua de marcher entre les racines noueuses et la mousse qui s'accumulait au sol et sur les troncs d'arbres. Elle prit bien soin de ne pas en toucher, de peur de fusionner avec par accident - c'est quelque chose de très gênant.
Elle respira l'air doux et agréable de la forêt. Elle était bien, au milieu de son élément.

Brusquement, un serpent se dressa devant Danea. Il était d'un étrange mélange de vert et de marron comme si on avait renversé sur lui deux pots de peinture différents. Ses yeux jaunâtres et brillants la regardèrent fixement. Il ne sembalit pas agressif, plutôt effrayé. Il revint lentement à la position couchée et recula un peu. Il continuait à regarder Danea.

-Où es-tu ? Tu te caches ?
Nausicaa avança en pestant intérieurement. Ce n'est pas qu'elle n'aimait pas les forêts, bien au contraire. Ce qui l'énervait, c'était que son serpent semblait prendre un malin plaisir à passer par des endroits trop petits pour toute personne mesurant plus de dix centimètres. Malgré la douceur de sa voix, elle se sentait donc d'humeur colérique. Mais elle retrouva aussitôt sa bonne humeur. Après tout cela lui faisait une belle balade, non ? Il fallait juste espérer que le serpent ne tombe pas sur un humain. Généralement, les gens n'aimaient pas les serpents.

-Où es-tu à la fin ?

Nausicaa passa un bosquet d'arbres et tomba en arrêt devant une scène étrange : le serpent immobile devant une jeune fille tout aussi immobile. Elle se sentit incapable de bouger, à peine put-elle demander en balbutiant :

-Il... Il est mort ?

Un serpent de leva brusquement devant Danea. Elle fit un bond en arrière, prise de panique. Il était bicolore, très gros et elle n'avait absolument aucune envie de faire plus amples connaissances avec lui. Elle se mit à pousser un hurlement long et aigu, terrifiée par le reptile. Elle tenta vite de se calmer, cessa son cri et prit un bâton au sol, son cœur battant tellement fort qu'elle avait l'impression que sa poitrine allait se fendre sous les battements. Elle lança quelques coups à l'aveuglette, détournant son regard qu'elle avait en plus caché sous sa main gauche, sans vraiment toucher le serpent, et quand elle le touchait, c'était très faible. Elle lui criait, pour se motiver :

- Je suis la fille d'Artémis, déesse de la chasse ! Tu ne vaux rien face à moi !

C'était absolument faux, et elle doutait que des coups de bâtons tueraient un reptile de cette taille. Mais c'était la seule défense qu'elle avait...
Le reptile tomba soudainement par terre, immobile. Danea le regarda, blême, sans oser bouger de peur que ce soit une fourberie de la part de l'animal à écailles.
Elle s'apprêtait à partir en courant, même si elle était toujours aussi figée sur place, quand elle entendit une voix balbutiante lui demander si le reptile était mort. La jeune fille se remit à crier, surprise et prise de panique. Elle se retourna tout en hurlant, et quand elle vit que c'était l'une des filles qui était avec elle en cours de mythologie, le cours de l'étrange Mlle Ad, avec son accent russe.
Elle cessa donc son hurlement, et pointa du doigt la bestiole, la peau pâle :

- J'espère bien... Ce truc a failli me bouffer.

Nausicaa pâlit aux mots de l'étrange jeune fille. Elle se rua vers le serpent et effleura son corps inerte du bout des doigts. Elle tatona un moment puis rejeta la tête en arrière, faisant voler ses cheveux tout en poussant un soupir de soulagement.

*Ouf... Son coeur bat. Je vais attendre ici qu'il se réveille.*

Elle se tourna vers l'autre et la foudroya du regard. Puis se radoucit presque aussitôt Après tout, peu de gens ne craignaient pas les serpents ! Et c'est vrai que celui-ci était particulièrement effrayant. C'était sa faute donc. Elle aurait dû rester à côté de son compagnon. Ne pas le laisser filer. Le principal, c'est qu'il n'était pas mort. Et il fallait profiter de l'occasion pour mieux faire connaissance. D'un bond, la jeune fille fut sur ses pieds.

-Je m'appelle Nausicaa. Et toi ?

Nausicaa dévisagea la jeune fille, à qui, dans son angoisse, elle n'avait pas vraiment prêté attention. Elle avait tout de suite choisi sa tactique. En bonne psychologue, elle avait compris qu'il valait mieux ne pas reparler de l'accident. Quand le sepent se réveillerait, il serait toujours temps d'improviser. D'un seul coup, un sourire illumina son visage, tendis que s'envolait les restes de timidité.

-Une fille d'Artémis hein ? Tu dois avoir un don génial !

L'inconnue s'approcha du serpent, tripota son corps -comment pouvait-elle faire cela sans vomir ?- et soupira. Elle avait l'air soulagée. Le serpent devait être mort... Puis elle fusilla Danea du regard qui se demandait ce qu'elle avait fait de mal. Mais immédiatement, le regard devint plus chaleureux et elle se présenta.
Nausicaa... Sympa comme nom. Original et gracieux... Pourquoi la vielle Myriam n'a-t-elle jamais pensé à la nommer Nausicaa ?! Hein ?! Bah... Tant pis, c'est joli Danea aussi ! C'est même très beau et rare. Elle n'a connu aucune Danaé à part elle. Mais c'est pareille avec Nausicaa.
La fameuse Nausicaa sourit juste après avoir demandé le sien. Ce que Danaé répondit brièvement, encore un peu sous le choc du serpent :

- Danaé, fille d'Artémis...

Immédiatement, sa camarade embraya une conversation sur son pouvoir. Malheureusement, il n'était pas aussi génial que ce qu'elle croyait. Fusionner avec la nature, ça peut être utile dans certains cas, mais c'était franchement dur à manipuler. Elle avait encore le souvenir dur et insupportable d'un après-midi d'automne où elle avait planté jusqu'à l'épaule par accident son bras dans le tronc d'un arbre -vieux en plus- et elle avait mit plusieurs heures à le sortir de là. Voir sa main de l'autre côté d'un arbre sans voir le reste du bras, c'est pas une expérience très agréable. En plus, elle était collante de sève après.

- C'est pas si génial qu'on peut le croire mon pouvoir. Si je touche une plante, je risque de ne faire qu'un avec lui et c'est très dur de me séparer après.

Elle marqua une pause, regardant au sol.

- Et toi, c'est quoi ton pouvoir ?

Nausicaa comprit immédiatement que Danea croyait le serpent mort. Le mieux, c'était de ne pas la détromper pour l'instant. Elle se débrouillerait pour s'en aller avec le serpent et on en parlerait plus. Elle eut tout de même un sourire moqueur en pensant aux paroles de la fille d'Artémis. Le serpent était gros d'accord. Mais de là à manger une humaine ! Ah les exagérations... La jeune fille regarda le serpent d'un air attendri. Il faudrait qu'elle lui donne un nom. Histoire de ne pas être obligé, quand elle pensait à lui de dire "le serpent".

*Je ne sais même pas si c'est un garçon ou une fille ! Faisons comme si c'était une fille. Ca m'arrangera. Comment l'appeler ? Le nom de ma tante lui rendrait hommage mais le problème, c'est que je penserais tout le temps à elle et je serais tout le temps triste. Pareil pour ma mère. Un nom de déesse alors ? Il y a qui déjà ? Ah oui, Artémis. Non. Aphrodite. Non, je ne l'aime pas trop celle-là. Athéna ? Héra ? Non plus. Il y a Hestia aussi. Bof. Sinon je prends quoi ? Le nom d'une personne que je connais ?*

Nausicaa revint brusquement à la réalité en réalisant que Danea lui avait répondu, posé une question et qu'elle attendait sa réponse. Elle avait aussi remarqué qu'elle semblait pensive et qu'elle avait hésité avant de répondre. Elle ne fit aucun commentaire là-dessus.

-Je suis cappable de courir à une vitesse... Grande. Très grande. Je sais que je peux faire mieux mais il faudra beaucoup m'entraîner. Peux tu deviner d'après ce pouvoir qui est mon parent divin ?

*Eh ! Danea... C'est pas mal comme nom ! Je pourrais appeler mon serpent come ça ! Enfin... En changeant un peu. Danaé, ce serait pas mal. Allez, je le garde.*

Nausicaa lui décrit son pouvoir : une extrême vitesse. Ce pouvoir, on l’utilise plus souvent que le sien. Facile à maîtriser, utile tout les jours... Avec ce pouvoir, on n’arrive pas facilement en retard au cour de Mlle Ad. Danea se souvenait encore de la crise qu’elle avait eu avec les trois retardataires... Notamment une fille d’Artémis... La honte de la famille ! En retard dès l’arrivée ! Elle lui expliquera dès que possible –et s’arrangera pour qu’elle fasse le ménage de tout le bungalow à sa place.
Quel dieu ou quelle déesse est le parent de Nausicaa ? Dur dur... La vitesse, c’est plutôt... le dieu Speedo ? Danea hésita à répondre cela, mais se retint, décidant de ne pas paraître stupide. Elle répondit donc en souriant :

- Je sais pas... Je passe !

Elle lança un regard vers le serpent immobile puis regarda la jeune fille. Elle craignait que Nausicaa ai fait un mauvais diagnostic et que le monstre soit juste évanoui. L’idée qu’il se réveille, glisse entre les branches d’arbres tombées par terre, frôle sa cheville et la mordre. La sensation qu’elle éprouvait en s’imaginait le serpent tout près d’elle lui semblait si réelle qu’elle avait l’impression de sentir les écailles contre sa peau et...

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH !!!

Le serpent était bel et bien en train de frôler sa cheville, ce qui fit remonter l’adrénaline chez Danea, qui hurlait du plus profond de ses poumons.

Danea était enthousiasmée par ce pouvoir, ça se voyait. Mais Nausicaa s'empressa de la détromper.

-Tu sais, ce n'est pas si génial. Parce que c'est facile d'aller vite mais pas de freiner... J'ai des ennuis récemment à cause de ça. Je préfèrerais être comme toi. En plus, il y a plein d'avantages à être une fille d'Artémis ! On peut même approcher la biche aux sabots d'airain !

Nausicaa rougit légèrement en se rendant compte qu'elle s'était emportée. Elle essaya de passer à autre chose.

-Tu ne trouves pas mon parent divin ? Pas grave ! C'est Hermès, le dieu messager. Et aussi le dieu des voleurs...

Soudain Danea poussa un cri ou plutôt, un hurlement. La serpente s'enroulait autour de sa cheville. Vive comme l'éclair, Nausicaa la ramassa et l'enroula autour de son cou comme une écharpe. Non seulement elle se laissa faire mais en plus, elle semblait même heureuse. Nausicaa faignit la colère mais en fait, elle était soulagée.

-Idiote ! Tu ne vois pas qu'elle a peur de toi ? Vilaine serpente ! Pour la peine, tu restera trois jours sans sortir.

Nausicaa prit brusquement consience du regard de Danea. Elle se sentit rougir et tenta de reprendre une contenance.

-C'est... Mon serpent. Il est apprivoisé.

Une fille d’Hermès ? Danea l’entendit et l’archiva dans son esprit dans le dossier « Nausicaa », mais elle était captivée par les effrayants anneaux d’écailles qui tournaient autour de sa cheville. Son hurlement attira immédiatement l’adolescente qui prit le serpent et l’installa sur ses épaules, comme une écharpe ou un châle. Le reptile se laissait faire, docilement, comme si c’était tout naturel.
Un tourbillon de confusion l’envahit : ce serpent, cette fille, la panique qui l’a prise, le calme dont elle fait preuve... Tout était mélangé dans son esprit, si bien qu’elle eu du mal à archiver cela. Les idées revinrent vite en place, et Danea se rendit compte que Nausicaa était en train de punir la bestiole. Un serpent... apprivoisé ?

- Tu as comme animal de compagnie... un serpent ?

Le choc commençait à passer, l’adrénaline descendait lentement, le cœur recommençait à battre de façon normale... Ses yeux étaient ronds comme des assiettes, fixant le monstre qui glissant lentement sur le cou, les épaules, les bras...

-Ce n'est pas vraiment un animal de compagnie. C'est plutôt... une amie. Elle n'a pas voulu me quitter quand je suis venue ici. Alors je l'ai prise... Ne t'inquiètes pas. Si je lui dis de ne pas t'approcher, elle le fera. Je ne t'ai pas dit tout de suite qu'elle était apprivoisée parce que j'avais peur que tu ne veuilles pas me parler à cause de ça.

Nausicaa se mordit la lèvre. Danea avait vraiment l'air paniquée. Mais petit à petit, elle sembla plus calme. Mais elle ne quittait pas le serpent des yeux. Nausicaa reprit alors la parole en espérant faire mouche.

-Tu as bien un animal ? Imagine qu'un jour, il devienne un serpent... Tu l'aimerais quand même et tu le protègerais non ?

Nausicaa carressa machinalement la tête de la serpente qui fixait Danea d'un air étrange. Comme si elle n'en avait pas peur...